6 août
2011 - August 6, 2011 :
66th
anniversary of Hiroshima
bomb
Le 66e
anniversaire de
l'horreur de la bombe
d'Hiroshima
La
cloche de la Paix d'Hiroshima, don
de la ville d'Hiroshima à Montréal
pour son Jardin Botanique, résonne
66 fois le 6 août 2011, 66 ans après
que la première bombe fut larguée
sur Hiroshima, le 6 août 1945, à
8h15... À
10h15, le 6 aout 2011, cette cloche
a résonné 6 fois .
August
6, 2011, the Peace Bell of Hiroshima
rings 6 times, to the Botanical
Garden of Montreal, Japanese Garden.
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photos pour les agrandir
Vidéo de
Pierre Girard : Vérité sur la bombe
d'Hiroshima — Truth about Hiroshima Bomb
Photos prise par Pierre
Girard au Jardin Japonais du Jardin Botanique de
Montréal en 2011
Le musée du mémorial pour
la paix d'Hiroshima avance le chiffre de
140 000 morts pour Hiroshima.
Pour les opposants, ces
bombardements, qui ont surtout tué des civils, ont
été inutiles et sont des crimes de guerre
Albert Einstein
était réticent face à la bombe et
Leó Szilárd,
qui était largement impliqué dans le développement
de la bombe, dira après la guerre :
« Si les Allemands avaient
largué des bombes atomiques à notre place,
nous aurions qualifié de crimes de guerre
les bombardements atomiques sur des villes,
nous aurions condamné à mort les coupables
allemands lors du procès de Nuremberg et les
aurions pendus. »
L'utilisation du nucléaire à des
fins militaires a été qualifiée de « barbare »,
puisque plusieurs centaines de milliers de civils
avaient péri et que les cibles étaient dans des
villes fortement peuplées. Durant les préparatifs
des bombardements, des scientifiques, dont
Edward Teller,
firent remarquer qu'il serait préférable d'employer
la bombe sur une zone inhabitée ou en plein ciel
pendant la nuit, afin d'avertir les Japonais.
Photo : Source International
Center of Photography, New York
Pierres tombales renversées dans
un cimetière appartenant au
temple Kokutai, à Hiroshima,
après l’explosion de la bombe
atomique, le 6 août 1945. En
arrière-plan, l’édifice de la
Banque nationale du Japon. Photo
prise par l’armée de l’air des
États-Unis, le 5 novembre 1945.
Hiroshima, 6 août 1945, 8h15 heure
du Japon. Un flash. La bombe Little
Boy libère, à 600 mètres au-dessus
de la cité nippone, une puissance
destructive jamais atteinte par
l'humain. Dans la fraction de
seconde qui suit, la chaleur
avoisine les 6000 °C sous
l'épicentre. À une centaine de pas
du centre de la détonation atomique,
des femmes attendant l'ouverture
d'une banque s'évaporent au moment
précis où le ciel se fend en un
éclair. C'était il y a 66 ans
aujourd'hui.
Deux ouvrages tout juste parus
évoquent ce qui est advenu des gens
qui se trouvaient sous et autour de
Ground Zero (le terme est né
d'Hiroshima et de Nagasaki) dans les
instants qui ont précédé et suivi la
déflagration.
Tallandier réédite le maître livre
de John Hersey: ce reporter du New
Yorker s'est rendu au Japon afin
d'interroger six survivants du
cataclysme d'Hiroshima, peu après
les événements. L'article de Hersey
a jeté pour la première fois au
visage de ses compatriotes l'ampleur
de la tragédie qu'avaient subie les
Japonais, vite soumis à la censure
américaine qui interdisait aux
rescapés de témoigner. On dit
qu'Albert Einstein commanda 1000
exemplaires du célèbre hebdomadaire
qui ne purent lui être fournis, tant
le tirage initial s'envola en un
clin d'oeil. Paru en 1946 sous forme
de livre, le texte suscita un vif
débat entre la droite réactionnaire
américaine, qui tentait de justifier
le recours à l'arme atomique, et la
gauche. Fallait-il bombarder
Hiroshima? Éternelle question.
Profondément humaniste et pacifiste,
Hersey y répond avec émotion, sans
rien sacrifier à la rigueur
journalistique.
Témoignages de survivants
Dans Le Dernier Train d'Hiroshima,
Charles Pellegrino propose, à
travers une structure brouillonne,
des témoignages de scientifiques et
d'aviateurs américains que la force
de la tempête atomique stupéfia ou
rendit cyniques. On y découvre
surtout des récits d'Hibakusha, ces
survivants des deux bombardements.
Poignées de mots tragiques et
catalogues d'horreurs qu'on a pu
lire ailleurs, notamment dans le
livre de Hersey. Les individus
racontent comment, pour avoir fui
Hiroshima par le train allant à
Nagasaki, ils ont été exposés aux
deux bombes. Kenshi Hirata, 91 ans,
juge qu'être un double rescapé
constitue un déshonneur honteux.
Terrible culpabilité de celui qui a
été épargné alors que son épouse et
quelque 200 000 personnes ont péri
autour de lui.
Autrement plus évocateurs,
perturbants et précis qu'une savante
analyse historique, ces deux
ouvrages présentent des victimes
d'une guerre dont le point final
marqua l'entrée dans une nouvelle
ère de terreur. Leurs mots donnent à
réfléchir sur la notion de «crime de
guerre». Au terme du conflit,
celle-ci parut bien extensible,
selon que l'on se trouvait du côté
des vaincus ou de celui des
vainqueurs.
***
Collaborateur du Devoir
***
Le dernier train d'Hiroshima Les survivants racontent
Charles Pellegrino
Traduit de l'américain par Laure
Motet
Éditions Florent Massot
Paris, 2011, 440 pages
Hiroshima
L'éclair par où vint la mort
John Hersey
Traduit de l'américain par Georges
Belmont et Pascale Haas
Tallandier, coll. «Texto»
Paris, 2011, 204 pages